Du début d’octobre au premier mars, nous abandonnons nos abeilles à leur sort; la saison d’hiver se passe souvent sans que j’aille jeter un coup d’œil aux ruches. En automne, elles ont toutes été bien approvisionnées, principalement en miel. Aucun souci à avoir pour celles dont le toit a été attaché au socle à l’aide d’un fil de fer; elles peuvent affronter les pires tempêtes.
Au début de mars, nous commençons le nettoyage des planchers des ruches et en profitons pour jeter un coup d’œil furtif sur l’état des populations. Normalement ce travail est terminé à la mi-mars.
A ce moment, la
température extérieure est, chez nous, suffisamment réchauffée pour permettre
une rapide visite des ruches et la réduction du nombre des cadres, en ne
laissant que ceux qui sont bien couverts d’abeilles. Il est pris note de
la force de chaque colonie. D’après ces indications nous calculons la
force moyenne de chacun des ruchers et savons ainsi ceux qui sont soit trop
faibles, soit trop vigoureux. Sur la base de ces données, nous pourrons
procéder à l’égalisation des populations, quelques semaines tard, fin mars,
simultanément avec le renouvellement des reines.
Pour cette dernière opération, la plupart des reines doivent avoir été choisies en temps voulu de façon à effectuer égalisation et renouvellement en même temps. Naturellement, une égalisation du nombre des cadres n’est possible à cette date que si l’on dispose de plusieurs ruchers, les abeilles et le couvain en surnombre sont transférés dans les ruches d’un autre rucher; ainsi aucune crainte de retour des abeilles à la souche sur laquelle elles ont été prélevées et l’égalisation est réalisée dans les conditions les plus efficaces.
Je considère (Frère Adam) cette opération (l’égalisation), effectuée à cette époque de l’année, comme une des plus importantes, les avantages en sont multiples tant au point de vue de la technique de la conduite de ruches qu’à celui de son exploitation commerciale.
(Et oui, malgré tout ce qui peut être dit comme âneries sur le sujet, le Frère Adam avait aussi des objectifs économiques)
Pendant la période subséquente, nous traitons chacune d’elles comme une unité. Lorsque nous constatons que l’une d’elles doit pouvoir disposer de plus d’espace pour sa croissance, le même besoin existe chez les autres. Cela simplifie de beaucoup le service de chaque rucher. Rien ne cause plus de travail et de perte de temps dans une grande exploitation que des populations qui, d’après la moyenne, sont ou trop fortes ou trop faibles pendant le stade de leur développement, avant la grande miellée. Les ruchées faibles, abandonnées à elles-mêmes, n’atteignent pas la force nécessaire pour le moment de la récolte et s’accroissent souvent grâce aux apports de celle-ci. Par contre, les ruchées trop développées dépensent souvent leur force par un essaimage inutile, bien avant que débute la miellée.
Cette égalisation des populations se révèle avantageuse aussi pour le profit pécuniaire de l’exploitation. La réflexion, confirmée par la pratique, apporte la preuve que, par cette méthode d’égalisation, la totalité des forces des populations doit être, au moment de la grande miellée, supérieure – et en réalité, elle l’est – à celle qu’elles auraient eue sans l’égalisation. Ce fait apparaît de façon évidente dans le résultat final de la récolte.
Désolé de me répéter mais, malgré tout ce qui peut être dit comme âneries sur le sujet, le Frère Adam avait aussi des objectifs économiques)
Il est de bon ton actuellement de faire passer le frère Adam pour un doux rêveur, qui ne recherchait que le bien de l’abeille, généralement ceux qui tentent de faire passer cette idée sont des apiculteurs du Dimanche, ou des syndicalistes aigris qui vivent des apiculteurs et non de l’apiculture.